Et la cochenille m’offrit sa laque
Constamment à la recherche de nouvelles techniques naturelles, je me suis penché sur celle de la laque. Venues d'ailleurs, lisses et miroitantes, les laques m'ont toujours attiré. Je savais qu'il fallait poncer différentes couches de peinture pour jouer avec ces dernières. Je savais aussi que le temps était un précieux allié... Voila pour le point de départ. Je n'ai pas de livres sur la technique, le Net n'est pas généreux non plus... Je tombe quand même sur un site qui vend de la gomme laque. Elle n'est pas très onéreuse mais il faut tellement de matériel et matériaux en tout genre quand on butine comme moi des techniques... Je comprends vite que mes laques ne seront pas traditionnelles, je fais ma cuisine en bon autodidacte, j'explore... J'utilise mon gesso fait maison, recette de mon professeur de peinture aux Beaux-Arts, aussi restaurateur de tableaux qui, à ce titre, avait partagé quelques secrets avec nous.
Une fois enduite à plusieurs reprises et poncée entre chaque couche, ma planche est enfin prête, lisse et douce. J'utilise deux couches de laque pour ce test. Je dilue des pigments rouge et noir dans la laque. Une fois bien sèche, je la ponce, le résultat est là ! Subtiles et délicates, les couches se mêlent et vibrent entre elles. Quelques couches de laque pures donnent la touche finale. Il ne me reste plus qu'à doser exploration et expérimentation.
J'explore sur toile, des laques sur toile ! Je teinte mon gesso entre chaque couche, le résultat ne me satisfait pas, la forme du cadre en bois réapparaît avec le ponçage... Tant pis, le châssis entoilé se retrouve sur mon chevalet où j'y coule mes restes de laque.
J’expérimente sur mes compositions mes jeux de couleurs.
Je m’aperçois que le moindre relief, défaut sur le ponçage du gesso, influe sur le résultat final.
J'explore, je ne ponce plus mon gesso, au contraire, je joue désormais avec sa matière. Je modifie la recette initiale du gesso pour qu'il se gélifie. J’adore les résultats, une fois encore je chevauche le sauvage hasard !
J'oscille, moi aussi, à l'image de mes foeilles entre le lisse concret que j'abstraitise et l'abstrait relief que je concrétise.